Près du lit : Eloge de l'Aspect de Pierre-Damien Huyghe, acheté sur une impulsion à cause des premières phrases :
N'être pas seulement vivant mais vif, alerte, ouvert. Exister. Ne pas être insouciant, repu, gavé de biens, être cependant heureux.J'aime bien lire des textes un peu trop difficiles pour moi : le temps de la lecture, j'ai l'impression de suivre, de sortir de mes sillons, de décoller vers une intelligence supérieure. Cinq minutes plus tard, bien sûr, je retombe dans mes vieux raisonnements. Sur le bonheur, par exemple. Dans mon esprit il passe toujours par trois étapes simples (1) pour une raison ou une autre, j'arrête de travailler ; (2) je commande les 150 livres sur ma liste amazon ; (3) je m'allonge sur mon lit et les dévore tranquillement l'un après l'autre, sans personne dans les parages pour me reprocher de trop lire ou me conseiller de faire du sport.
Un peu plus loin : Abandon the Old in Tokyo de Yoshihiro Tatsumi. Cette BD me fait flipper ! Je n'arrive pas à lire plus d'une histoire par semaine. C'est rare que j'hésite à tourner une page de peur de ce qu'il y a au verso (l'équivalent de fermer les yeux au cinéma), mais c'est ce qui m'est arrivé quand l'ouvrier qui vient de se faire couper le bras par une machine en cherchant sa lettre de démission dans sa poche met son singe apprivoisé, qu'il adore, le seul être qui lui donne l'impression d'être humain, mais dont il ne peut plus s'occuper à cause du bras coupé, dans la cage des singes au zoo municipal... vous voyez ce que je veux dire ? Au début je me demandais pourquoi ces nouvelles me troublaient autant, puis j'ai compris qu'elles étaient toutes axées sur les regrets et la culpabilité, deux cordes hypersensibles chez moi. Les dessins sont magnifiques, les textes aussi.

Pire que MySpace : MySpace pour les étudiants en art. Ne dites pas que je ne vous l'ai pas dit !
Photo ci-dessus : il a enfin neigé.