09 septembre 2008















De retour ! Profité d'être seule ce week-end pour lire d'un trait The Last Samuraï* de Helen Dewitt, aussitôt suivi du début de Doggy Bag saison 3. Deux oeuvres de génie, selon moi. (Pardon à ceux qui me le répètent depuis des années et que j'ai refusé d'écouter.) N'empêche, quand Irène Sollens (63 ans, catholique pratiquante, a été kidnappée, battue, violée) tombe de l'arbre où elle s'était réfugiée pour échapper au "maniaque sexuel" qui l'a enlevée et s'écrase dix mètres plus bas "avec un bruit d'omelette froide**" j'ai du faire un petit break avec Marguerite Yourcenar. Par chance, cet été j'ai acheté Les Yeux ouverts, entretiens avec Matthieu Galey, un livre très apaisant. Même si :

J'imagine que l'angoisse de Zénon fut dure. C'est une mort très douloureuse que de s'ouvrir les veines. On risque d'avoir d'affreuses crampes ; on manque d'oxygène, on a parfois des douleurs qui ressemblent à celles de l'angine de poitrine, m'ont dit les médecins que j'ai consultés, car vous pensez bien que je suis allée m'informer auprès d'eux avant de décrire la mort de Zénon. C'est dans les romans "à l'antique" que les personnages couronnés de roses meurent doucement, les veines ouvertes, dans un état d'évanouissement presque voluptueux.
[...]
J'ai terminé L'oeuvre au noir en plein été, alors que Zénon se tue un 17 février. Je me souviens du dernier moment de ce travail. J'étais dans un hamac ici***, dans le jardin — parce que j'ai terminé L'oeuvre au noir ici, comme Mémoires d'Hadrien — et je me souviens que j'ai fait, presque sans le savoir, ce qui est, paraît-il, une conjuration magique, à en croire Colette qui a observé des choses analogues dans les faubourgs de Paris : ayant tout juste terminé mon livre, étendue sur mon hamac, j'ai répété le nom de Zénon peut-être trois cents fois, ou davantage, pour rapprocher de moi cette personnalité, pour qu'elle soit présente à ce moment-là, qui était en quelque sorte celui de sa fin.



* En français = Le Dernier Samouraï, traduit par Pierre Gugliemina, paru en 2001 et épuisé

**gravé dans mon cerveau pour toujours
** sur l'île des Monts-Déserts. Ci-dessus : vue de l'ïle par Jervis McEntee, 1864