21 octobre 2008

En septembre, je me suis inscrite à un cours de dessin. Au début, je pensais être en pleine régression, surtout quand j'ai lu ça :
Ces Américains péchaient par une espèce de goût de l'enrégimentement, en dépit de leur apparente liberté. Si l'on voulait apprendre la cuisine, ou l'art des bouquets, ou l'histoire de la Renaissance italienne, on se précipitait pour s'inscrire à un cours. J'avais beau leur dire : "Mais arrangez les fleurs vous-mêmes, vous verrez bien ce qui vous plaît, ce qui vous émeut ; faites la cuisine en vous fiant à votre palais ; achetez-vous un livre ou allez à la bibliothèque et lisez quelques ouvrages sur la Renaissance italienne [...]." Rien à faire. Je connais des dames sexagénaires qui sont encore à leur quatrième année de français depuis vingt ans. Elles sont ravies d'être encore à l'école.

(Marguerite Yourcenar, Les yeux ouverts, entretiens avec Matthieu Galey)
Mais, quelques semaines plus tard, j'ai changé d'avis.
Moi : Avant, je n'aimais pas les exercices imposés, maintenant j'aime.
T : (vaguement) C'est bien.
Moi (ravie) : Ah, oui ? Tu crois que je suis sur la voie de l'humilité ?
T : (silence, puis ricanement incrédule).
J'essaie de lui prouver qu'on peut être sur la voie de l'humilité et le revendiquer. Par exemple, les peintres zen, parce que le zen c'est la conciliation des contraires !
T : Hum, pour le zen, il ne faut pas faire des stages ou quelque chose ?
Moi : (penaude) Peut-être.

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En réalité, je ne sais rien sur le zen. Ce que je sais, c'est que je veux lire Les Propos sur la peinture du Moine Citrouille-Amère et que c'est Philippe Sollers qui m'en a donné envie avec cet article. Autant le dire familièrement d'emblée : jusqu'ici, entre Philippe Sollers et moi, ça le faisait pas. Mais :
Vous voulez être intelligent et clair? C'est très simple: «La stupidité une fois éliminée, naît l'intelligence; la vulgarité une fois balayée, la limpidité devient parfaite.» Mais attention: «Pour éliminer la vulgarité, il n'y a qu'un moyen: s'adonner intensivement à l'étude et à la lecture, et ainsi, des livres, s'élèvera un courant spirituel ascendant.» J'observe, je lis, je médite, je calligraphie, je chante, je peins: si ma peinture est correcte, elle sera un accomplissement de la Nature, car on peut être capable, merveilleux et même divin, le plus haut degré sera toujours d'être naturel. Je connais à fond la technique (par exemple celle de la «pointe cachée»), je pénètre les rochers, les falaises, et me coule aisément dans la mer, mais le but est d'apparaître sans commencement ni fin, d'un bloc, et, finalement, «sans traces». J'évite la raideur, mais aussi la préciosité, de ceux qui ont le pinceau sans avoir l'encre, ou l'encre sans avoir le pinceau (cela fait beaucoup de monde, comme le prouve, chaque année, le déluge de la rentrée littéraire). Ecoutez ça: ma peinture sera là où elle doit être si elle semble provenir d'une «émanation naturelle et nécessaire du papier».
La stupidité une fois éliminée... Sans rire, j'adhère complètement à ce programme.

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Henry Miller a fait de l'aquarelle toute sa vie. Il a écrit un livre qui s'appelle
Peindre c'est aimer à nouveau. Il y a aussi un catalogue de ses aquarelles qui s'appelle Peignez comme vous voulez et mourez heureux. Tous deux sont achetables d'occasion moyennant une trentaine d'euros. Voici un petit film documentaire de 1979 qui s'appelle Dinner with Henry. On voit Henry à table, entouré de ses peintures encadrées, il a 87 ans. Il me fait beaucoup penser à ma grand-mère ("Does anything go with this, by the way ? No vegetable ?"). Il parle aussi de Blaise Cendrars, son héros à tous points de vue.

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D'autres livres sur le dessin qui m'attirent :
David Hockney, Ma façon de voir
Antonin Artaud, 50 dessins pour assassiner la magie
Hokusai 1760-1849 : l'affolé de son art (catalogue de l'expo au musée Guimet)

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Rien à voir : Raymond Depardon a réalisé mon rêve de toujours.
Avant, les paysans me reprochaient de ne pas toujours venir avec le même véhicule, à partir de 2004 j'ai acheté un fourgon pour parcourir la France et je l'ai aménagé.
Sauf que moi, je voudrais un break ! C'est dans le dernier numéro des Cahiers du cinéma.

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Flash élections : Marc Ambinder envisage qu'Obama puisse emporter le vote populaire et McCain le collège électoral. Commentaire d'un lecteur :
If the Repiglicans pull it out this year I predict the rise of secessionist parties in blue states. A lot of us are tired of being dragged down by crazy creationist warmongering scumbags.
C'est à peu près comme ça que je vois les choses, moi aussi. Dormez bien !